Te développer au basket sans ballon : Utopie ou réalité ?

Te développer au basket sans ballon : Utopie ou réalité ?

Il y a celles et ceux pour qui l'entraînement au basket doit se faire en intégralité avec ballon. On comprend leurs arguments, il est en effet impossible de faire plus spécifique que l'activité elle-même comme entraînement.

Il y a celles et ceux pour qui l'entraînement au basket peut se faire sans ballon dès lors que les contenus proposés sont transférables au basket. On comprend leurs arguments, si c'est transférable, cela signifie que le joueur pourra réutiliser (en principe) les compétences ainsi développées pour le basket. C'est la grande majorité de la prépa mentale et de la prépa physique par exemple qui essaye de mettre en place des environnements d'entraînement/de préparation que le joueur pourra réexploiter en jeu.

Il y a celles et ceux qui mettent un ballon dans toutes les activités qui ne sont pas basket et pensent ainsi qu'elles deviennent tansférables. Fentes en dribbles, sauts en dribble, etc. Quand vous conduisez une voiture en envoyant un SMS, devenez vous un meilleur conducteur?

Il y a celles et ceux qui surchargent à outrance les exercices : dribbler sur un BOSU, avec un une hydroverst sur le dos, un aquabag dans l'autre main, des lumières qui clignotent en charge cognitive et des élastiques qui contraignent en charge, tout ça en même temps! Je l'ai encore vu la semaine dernière, par bienveillance pour le collègue je ne partagerais pas.

  • Le travail de basket avec ballon est efficace sous réserve que les apprentissages le soient.
  • Le travail physique transférable sans ballon est efficace sous réserve que le collègue ait lu et compris Frans Bosch.
  • Le travail mental transférable est efficace sous réserve qu'il porte sur des sous-jacents ou qu'il soit contextualisé en images.
  • Le travail dans lequel on ajoute un ballon ne suffit pas pour être transférable évidemment.
  • Le travail de surcharge est efficace sous réserve qu'on surcharge efficacement là ou les tâches et qu'on respecte la sacro-sainte règle : plus on surcharge (de surcharges cognitives, énergétiques, contraintes en tout genres) moins en développe.

Mais il y a une autre méthode en laquelle je ne croyais pas forcément au début. Puis, comme toutes les options je l'ai testé. C'est celle du développement des sous-jacents de la performance.

Je ne la croyais pas efficace car elle va à l'encontre de ce que j'avais toujours appris : il n'y a pas de ballon, pas de basket et l'exercice réalisé n'est pas toujours contextualisé basket. Autant dire que vu de l'extérieur on est loin de ce que propose mon collègue Micah Lancaster.

Pourtant à force d'apprendre et de pratiquer cette méthode, d'avoir des joueurs qui progressaient en match en travaillant avec cette méthode, il m'a été impossible de nier les évidences pratiques et observables. Si je fais suivre cette méthode à un joueur, selon ses besoins individuels, pendant +/- 12 semaines, j'obtiens dans tous les cas : une amélioration de la performance chiffrée sur le terrain comme de la performance ressentie par le joueur ("je me suis senti bien" est la phrase qui revient souvent). Evidemment je partage tout cela dans Basketball Motor Skill : les études qui m'ont conduit à tester la méthode, celles qui ont confirmé ensuite son efficacité, les résultats que moi-même j'ai eu avec mes joueurs. Je présente aussi comment tester et entraîner à cette méthode, si vous avez suivi les deux niveaux de la formation, vous savez de quoi je parle.

Cette méthode, je l'ai intégrée dans le suivi AHC Evolution car les exercices sont réalisables seuls pour la majorité et je peux envoyer aux joueurs les matériels nécessaires à leur réalisation. Logiquement, pendant la crise sanitaire, mes joueurs ont tous été sensibilisés à cette méthode et aujourd'hui, pas plus tard que ce matin d'ailleurs, c'est eux qui me disent : "Pour mon nouveau programme, n'oublie pas les exercices des éléments sous-jacents de la performance". Mêmes les plus "pros" d'entre eux les considèrent aujourd'hui comme indispensables. Pas de plus belle récompense pour des méthodes que moins d'1% des coachs connaissent et surtout appliquent. Car il n'y a rien encore sur ces méthodes, je suis aller hier faire un tour dans la bibliothèque numérique de l'INSEP et rien de concret sur le développement de ces éléments sous-jacents qui améliorent les joueurs sans ballon, ni terrain!

Mon ami Guillaume Vizade, le coach ProB de Vichy a un qualificatif pour cette méthode : "Génial". Vous savez qu'Olivia Epoupa enmène cette méthode avec elle qu'elle soit en Turquie ou en Australie? Elle m'a nommé la semaine dernière comme "Head of performance and Sport Science", c'est vraiment un honneur pour moi de développer les solutions pour sa performance!

Ce qui est vraiment dommage par contre, c'est que moins d'1% des coachs de basket connaissent cette méthode. J'ai des collègues qui l'utilisent dans le foot, dans le hand, dans le tennis, dans le vtt, etc. En France, aux USA, en Asie, etc. Mais dans le basket je n'observe, ni ne consulte rien sur le sujet... Quand j'ai un entraîneur en stage, il me dit souvent "30 ans que j'entraîne et je n'ai jamais vu ça". Qu'il soit CTF, coach de sélection, coach amateur ou coach pro. Je crois que nous pensons que ces éléments sous-jacents de la performance, comme il n'y a pas de ballon, ce n'est pas le travail du coach. Mais le travail du coach c'est de faire progresser ses joueurs et de gagner des matchs non? Cette méthode en plus ne nécessite presque rien, pas de vertimax, d'ultimate instability ou d'écrans à 360° autour du joueur, juste la méthode...

Mais je comprends car je suis comme vous : au début je n'y croyais pas!

Je comprends que vous puissiez vous dire : "Si ce gars avait raison, il serait déjà avec Zion, Curry, Hayes ou Maledon!" Je me dirais la même chose à votre place!

Et il y a tellement de tunnels de vente sur internet qui te propose le dunk en 3 jours ou le tir d'un poste 3 de jeep élite en 3 semaines, que sincèrement, le doute est recommandé!

Vous savez, l'innovation prend du temps à faire son chemin et à dépasser les croyances, autant chez les coachs que chez les joueurs pros. Quand en plus tu n'as pas le réseau d'un ex-joueur pro, autant te dire que tu n'es pas de la famille! Pourtant, comme je dis souvent, un médecin et un malade sont associés par le même sujet : la maladie. Pourtant un bon malade n'est pas automatiquement un bon médecin. Je pense que c'est un peu pareil dans notre sport : le coach et le joueur sont associés par le même sujet : la performance du joueur. Pourtant un bon joueur n'est pas automatiquement un bon coach. C'est marrant on le comprend mieux avec le côté négatif de la maladie et moins avec le côté positif d'une activité physique comme le basket...Mais c'est normal notre cerveau perçoit mieux le négatif, ce afin de remplir sa fonction de protection de l'intégrité de l'individu.

 

Ce qui est significatif avec cette méthode, c'est que les pros qui l'ont essayé n'ont pas arrêté, même de l'autre bout du monde. Cela laisse un espoir pour dépasser les 1% de coachs sensibilisés aux sous-jacents, chaque coach sensibilisé reconnaît son intérêt ensuite (ce n'est pas moi, ce sont les évaluations des formations qui le disent), autrement dit, les résultats convertissent les entraîneurs et les joueurs, mais encore faut-il qu'ils fassent le premier pas comme le disait Schönberg.

Peut-être parmi vous certains se diront : "On connaît déjà une période sans salle, sans spectateurs, maintenant il faudrait s'entraîner sans ballon, c'est pas très fun". Vous savez ce ne sont pas les compétences travaillées qui sont ou pas fun, c'est comment elles sont travaillées. Si tu fais un travail de conditioning en faisant des suicides ce n'est pas très fun. Si tu le fais avec des activités variées, sur un tempo asymétrique non-linéaire, ça peut devenir très fun. Encore une fois, ne laisse pas tes croyances prendre le dessus.

Te développer au basket sans ballon, améliorer tes skills en match sans même un ballon est aujourd'hui une réalité et comme le disait la chanson, je fais le premier mot ;-) Si tu combine le sans ballon et le ballon à chaque fois que c'est possible, tu exploseras tes limites.

Andy HYEANS

CEO AHC

17/12/2020